Fonds d’investissement : Comment gagnent-ils de l’argent ?

En 2023, près de 70 % des fonds européens ont réalisé des profits grâce à la revente d’actifs plutôt qu’à la distribution de dividendes. Certains fonds prélèvent des frais de gestion, même en cas de performance négative. Les investisseurs institutionnels, principaux clients de ces structures, acceptent des niveaux de risque élevés pour obtenir des rendements supérieurs à ceux des marchés traditionnels.Le capital-risque, segment à part, concentre une part significative des capitaux levés, tout en affichant des taux d’échec supérieurs à 50 %. Les mécanismes de rémunération restent complexes et varient fortement selon la stratégie du fonds.

Fonds d’investissement : comprendre leur rôle et leur fonctionnement

Les fonds d’investissement insufflent chaque année une masse colossale de capitaux dans l’économie réelle. Leur mission : rassembler l’épargne d’investisseurs, particuliers, entreprises ou institutions, pour l’allouer dans un portefeuille d’actifs diversifié. Pas question de mise à l’écart : actions, obligations, immobilier, jeunes pousses prometteuses… Tout y passe. La gestion de ce patrimoine? C’est la chasse gardée d’une société de gestion, responsable aussi bien de la stratégie globale que du suivi pointilleux des placements sélectionnés. Seul l’agrément de l’Autorité des marchés financiers (AMF) permet à ces sociétés d’opérer, en contrepartie de frais annuels calculés sur l’encours confié.

Dans les coulisses, deux rôles tranchés : le gestionnaire de fonds (GP ou general partner), seul maître à bord côté opérations, et l’investisseur (LP ou limited partner), qui met à disposition son capital. Leur association ne laisse rien au hasard : contrats détaillés (LPA, clauses de préférence de liquidation, mécanismes anti-dilution) organisent les droits, obligations et scénarios de sortie pour parer toute mauvaise surprise.

En France, l’abondance et la variété sont frappantes. SICAV, FCP, FCPE, FCPR, FIP, FCPI, ETF, SCPI, OPCI : chaque structure a sa logique et s’adresse à un profil d’investisseur particulier. Diversifier, rechercher la sécurité ou maximiser la rentabilité, voilà le spectre couvert par ces véhicules. Derrière la vitrine, deux méthodes opposées : certains fonds résultent d’une gestion active, impliquant une sélection pointue des actifs ; d’autres préfèrent la gestion passive et reproduisent, sans grands arbitrages, le comportement d’un indice de référence, façon ETF.

Pour bien situer les grandes approches de gestion, voici comment elles se distinguent :

  • Avec la gestion active, une équipe débusque les meilleures opportunités et cherche à surperformer le marché par une sélection permanente d’actifs.
  • La gestion passive calque simplement ses investissements sur un indice, s’exonérant ainsi de choix individuels et maîtrisant ses coûts.

La réglementation française, très présente via l’AMF, impose transparence et contrôles fréquents, obligeant à publier des résultats précis. Cette pluralité de types de fonds permet à chacun, particulier averti ou investisseur institutionnel, d’ajuster ses choix selon le risque acceptable et les gains attendus.

Quels sont les mécanismes qui permettent aux fonds de générer des profits ?

Au départ, un fonds d’investissement lève des sommes auprès de ses souscripteurs. Avec ce capital, il construit un portefeuille où cohabitent actions cotées, sociétés non listées, immobilier, voire titres obligataires. Selon qu’il soit géré activement ou passivement, les méthodes divergent : la sélection permanente et les arbitrages, ou la reproduction fidèle d’un indice pour limiter les frais.

La première source de rémunération pour la société de gestion réside dans les frais de gestion annuels, calculés sur l’ensemble du portefeuille. Ces frais tombent chaque année, que le fonds brille ou piétine. En plus, chaque mouvement d’achat ou de revente d’actif génère des frais de transaction qui s’ajoutent à la facture globale pour l’investisseur.

Mais là où la mécanique s’emballe, c’est avec le carried interest. Ce mécanisme prévoit, si la performance dépasse un certain seuil, d’attribuer une part des plus-values aux gérants du fonds. Ce système aligne leurs intérêts sur ceux des investisseurs et incite à maximiser la réussite. On retrouve ce schéma dans la plupart des véhicules de capital investissement et de private equity.

Au final, la rentabilité d’un fonds dépend de cette savante combinaison : des revenus récurrents issus des frais, et un possible jackpot conditionné à la réussite. Le niveau de gains généré dépendra donc du flair du gestionnaire, de la pertinence des paris et de la capacité du fonds à repérer les occasions que d’autres laissent filer.

Zoom sur le capital-risque : pourquoi attire-t-il autant d’investisseurs ?

Le capital-risque, ou venture capital, occupe une place à part. Sa vocation ? Offrir du carburant financier à l’innovation en investissant massivement dans des jeunes entreprises à fort potentiel. Les fonds de capital-risque collectent des capitaux auprès de LP (institutions, fonds de pension, quelques investisseurs individuels fortunés) et mandatent des GP pour détecter puis accompagner les futures pépites.

Pourquoi ce secteur aiguise-t-il autant les appétits ? Par ses perspectives de gains élevés, mais aussi parce qu’il donne vie à des marchés nouveaux, à des technologies inédites. La prise de risque est franche : plus d’une société sur deux ne dépassera pas le stade du décollage. Les réussites exceptionnelles des survivants, en revanche, suffisent à compenser les déconvenues rencontrées.

La méthode est éprouvée : investir dans des dizaines d’entreprises, miser sur la croissance de quelques-unes et accepter des pertes sur les autres. Ce modèle, largement adopté en France, ne cesse de prendre de l’ampleur avec des montants levés qui grimpent tous les ans. Le capital-risque joue ainsi un rôle moteur pour pousser la vague d’innovation et d’entrepreneuriat.

L’implication des fonds dépasse le simple financement. Ces structures apportent un réseau, du conseil, des compétences opérationnelles et s’impliquent concrètement aux côtés des managers. L’accompagnement et l’accès à l’écosystème comptent autant que le capital., une aide précieuse pour passer les multiples caps qui jalonnent le développement d’une start-up.

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Concepts clés à connaître pour mieux appréhender l’univers des fonds d’investissement

Dans le monde des fonds d’investissement, quelques accords structurants constituent le socle du fonctionnement. Le fameux LPA (Limited Partnership Agreement) structure la collaboration entre investisseurs et gestionnaires en précisant les rôles, les attentes et la répartition des gains, chaque clause protège les parties et balise le pilotage des opérations. Certaines clauses s’imposent comme des incontournables : préférence de liquidation (priorité au remboursement de certains), anti-dilution (préservation de la valeur lors de nouvelles levées), sortie conjointe pour faciliter la vente globale d’un actif.

Voici trois notions à connaître pour mieux lire la dynamique des fonds :

  • Diversification : clé pour limiter les pertes potentielles et répartir le risque entre plusieurs types d’actifs, cotés ou non.
  • Performance : ce qui compte, c’est la progression du fonds sur toute sa durée, selon les cycles des marchés et la stratégie du gestionnaire.
  • Risque : omniprésent, il est analysé en profondeur et piloté par des professionnels aguerris.

En règle générale, la durée de vie d’un fonds varie de 7 à 10 ans, au fil de trois grandes étapes : investissement, accompagnement puis cession progressive des actifs. À chaque phase, de nouveaux enjeux, des fenêtres de sortie, des arbitrages. Pour bâtir une allocation solide, de nombreux investisseurs s’appuient sur le regard d’un conseiller financier ou un conseil de surveillance pour valider la robustesse de la structure et l’ingéniosité des dispositifs juridiques mis en place. Décoder ces mécanismes, c’est accéder à la véritable dynamique de création de valeur qu’offrent les fonds d’investissement.

Résister à la tentation de l’improvisation, tracer sa voie entre défi et promesse : le quotidien d’un fonds, c’est une succession de paris où chaque opération fait figure de funambulisme financier. Pour les investisseurs comme pour les gestionnaires, derrière l’abstraction des chiffres se joue un véritable art de l’équilibre.