En 2023, près de 68 % des entreprises françaises ayant misé sur la diversification ont enregistré une augmentation de leur chiffre d’affaires supérieure à 10 %. Pourtant, ce type d’initiative demeure minoritaire par rapport aux stratégies d’expansion plus classiques.
Les entreprises qui investissent dans l’analyse de marché avant de choisir une voie de croissance affichent un taux de succès deux fois supérieur à celles qui se lancent sans préparation structurée. L’utilisation de la matrice d’Ansoff reste pourtant sous-exploitée, malgré son efficacité éprouvée pour orienter les choix stratégiques.
Pourquoi la croissance est un enjeu clé pour les entreprises aujourd’hui
Impossible de faire l’impasse : la croissance s’est hissée tout en haut de l’agenda des dirigeants. Pression sur les marges, concurrence qui innove à tout-va, cycles technologiques qui s’accélèrent… Sans cap affirmé, une entreprise glisse vite vers la périphérie, perd de sa force d’attraction et finit par s’effacer sur son marché. Aujourd’hui, il ne suffit plus de tenir bon : il faut devancer, transformer, et faire de la performance durable une réalité.
Les données sont sans appel. Les organisations structurées autour d’une stratégie de croissance avancent deux fois plus vite que celles qui naviguent au gré des vents, selon l’INSEE. Penser une stratégie d’entreprise cohérente, c’est aussi répondre aux exigences des partenaires, rassurer les investisseurs et assurer la pérennité de l’activité. Ce n’est pas un luxe : c’est la condition pour :
- financer l’innovation et le lancement de nouveaux produits,
- préserver les emplois sur le long terme,
- renforcer la réputation face à des concurrents toujours plus nombreux,
- séduire des investisseurs dont les critères de sélection ne cessent de se durcir grâce à des KPI solides.
Face à cette réalité, les dirigeants n’ont plus le choix : ils doivent repenser en profondeur leur stratégie de croissance. Scruter les signaux faibles du marché, analyser la concurrence avec précision, ajuster rapidement le cap : ce sont désormais des réflexes vitaux. Une croissance d’entreprise maîtrisée naît de décisions informées, guidées par une lecture lucide du contexte économique.
Stratégies de croissance : interne, externe ou mixte, quelles différences ?
Pour bâtir sa trajectoire, une entreprise peut emprunter plusieurs routes. La croissance interne, d’abord : elle repose sur ses propres ressources. Ici, l’innovation règne, le développement de produits inédits s’accélère, la conquête de marchés vierges devient possible. Mais pas de raccourci : patience et constance sont de mise. Cela passe souvent par :
- des investissements ciblés dans le capital humain,
- une R&D renforcée,
- une offre adaptée en continu.
L’avantage ? L’entreprise garde la main, module son tempo, façonne un développement solide en limitant la dépendance à l’extérieur.
De l’autre côté, la croissance externe opte pour l’accélération. Fusions, acquisitions, prises de participation : on intègre de nouvelles compétences, on acquiert des technologies, on pénètre des marchés jusque-là inaccessibles. L’équilibre est bouleversé, les synergies ouvrent la voie à un changement d’échelle. Mais l’intégration exige vigilance : on doit composer avec des cultures différentes, éviter l’alourdissement organisationnel et préserver l’ADN d’origine. D’ailleurs, plus d’un tiers des entreprises ayant recours à cette approche ciblent avant tout l’acquisition de compétences technologiques, selon l’INSEE.
Entre ces deux modèles, une troisième voie se dessine : la stratégie mixte. Elle marie l’agilité de l’organique à la puissance de l’acquisition. L’entreprise combine ses ressources internes avec des partenariats ou des rachats ciblés, cherchant à innover sans se priver de l’effet levier d’une opération externe. Ce modèle attire particulièrement les groupes qui veulent avancer vite sans sacrifier leur capacité d’innovation. Au final, chaque type de croissance répond à des besoins spécifiques : sécuriser l’existant, préparer demain ou franchir un cap majeur.
La matrice d’Ansoff, un outil concret pour choisir sa voie
Structurer une stratégie de croissance demande méthode et clarté. La matrice d’Ansoff, conçue par Igor Ansoff, est un outil de référence. Elle oriente les choix en croisant deux axes : produits et marchés. Cet outil pousse à la décision, loin de la théorie.
Voici les quatre options que la matrice met en lumière, chacune avec ses atouts et ses risques :
- Pénétration du marché : vendre plus de produits existants sur les marchés déjà connus. Cela passe par des efforts commerciaux renforcés, des ajustements de prix, et une politique de fidélisation poussée. On avance sur un terrain familier, mais la concurrence reste vive.
- Développement de marché : proposer les mêmes produits à de nouveaux clients ou sur de nouveaux territoires. Il s’agit souvent d’explorer d’autres segments, de nouveaux canaux, d’adapter la distribution. L’entreprise capitalise sur son expertise tout en s’ouvrant à l’inédit.
- Développement de produits : enrichir la gamme, innover pour répondre à de nouveaux besoins sur des marchés déjà acquis. Cette démarche, typique de la croissance interne, repose sur l’investissement en R&D.
- Diversification : attaquer de nouveaux marchés avec de nouveaux produits. La manœuvre la plus audacieuse, et la plus risquée. Elle réclame des moyens solides, une capacité à anticiper les usages émergents et une grande agilité.
La matrice d’Ansoff ne se contente pas de poser un cadre : elle aide à prioriser, à évaluer les ressources disponibles, à confronter ses ambitions à la réalité. Pour les directions générales, c’est un point de repère pour arbitrer, éviter la dispersion et avancer avec méthode. Choisir une voie, c’est accepter de se remettre en question et de trancher avec lucidité.
Quels leviers activer pour passer à l’action et réussir sa stratégie de croissance ?
Pour donner vie à une stratégie de croissance, il faut miser sur des leviers concrets et efficaces. Les entreprises qui souhaitent créer un business model solide s’appuient généralement sur plusieurs axes structurants.
L’innovation s’impose en première ligne. L’intégration de la technologie, citée par la Harvard Business Review comme un accélérateur de croissance sur le long terme, optimise les processus, enrichit l’offre et ouvre les portes de nouveaux marchés. Digitaliser les outils de gestion, exploiter la donnée, automatiser les flux : autant de moyens d’accélérer la croissance rapide sans complexifier l’organisation.
Autre pilier : la conquête puis la fidélisation des clients. À ce stade, l’expérience vécue, la pertinence du service et la qualité de la relation font toute la différence. Les sociétés en forte croissance surveillent de près certains indicateurs :
- le taux de rétention,
- le niveau de satisfaction,
- la valeur vie client.
Ces KPI servent de boussole, permettent d’ajuster la stratégie en temps réel, de détecter les signaux d’alerte avant qu’ils ne deviennent des obstacles à la progression.
Dernier levier, et non des moindres : l’engagement des équipes. Mobiliser, former, associer chaque collaborateur au projet donne du souffle à l’ambition collective. Les entreprises qui réussissent à bâtir une stratégie de croissance solide savent aligner vision et exécution : elles refusent de séparer la réflexion de l’action. Cela suppose aussi de calibrer les ressources à la hauteur du défi : compétences, financement, partenaires. Une croissance d’entreprise réussie ne doit rien au hasard : elle est pensée, ajustée, portée par une dynamique sur-mesure, bien loin des recettes figées.
Choisir la croissance, c’est accepter de remettre le métier sur l’ouvrage, d’oser bifurquer, de viser plus haut. La prochaine étape ? Elle appartient à ceux qui transforment chaque choix en élan, et chaque ambition en réalité tangible.


